Semi-marathon : Route de la Vie – Дорога Жизни

Le 28 janvier dernier, je participais à mon premier semi-marathon de l’année, et pas n’importe lequel. Il s’agissait de la 49ème édition du marathon « Route de la vie » (Дорога Жизни) dans la région de Saint-Pétersbourg.

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La Route de la Vie – « Personne n’est oublié – rien n’est oublié »

Vous l’aurez peut-être compris, il s’agit d’une course un peu particulière à laquelle j’avais à coeur de participer. En 2017, je n’avais pas fait le déplacement mais, cette fois, je ne pouvais pas manquer cela. Le marathon « Route de la Vie » est organisé chaque année pour commémorer la fin du blocus de Leningrad et le courage de ses habitants.

Pourquoi parle-t-on de Route de la Vie ? Durant la Seconde Guerre mondiale, de novembre 1941 à janvier 1943, le lac Lagoda situé à deux heures de Leningrad (Saint-Pétersbourg) a permis de ravitailler la ville assiégée par les nazis. En hiver, des convois de traîneaux puis de poids lourds ont permis d’apporter des fournitures aux habitants. En été, des petits bateaux effectuaient les trajets. En décembre 1942, on commença même à construire une voie ferrée (d’où le train sur l’affiche et la médaille) qui sera détruite et reconstruite à plusieurs reprises. 1 million de personnes ont perdu la vie durant le siège de Leningrad mais le bilan aurait pu être encore bien plus lourd sans le courage de tous ces gens.

Comme les Russes le disent eux-mêmes, ce marathon possède un supplément d’âme qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Les participants rendent hommage à leurs ancêtres en empruntant le chemin qu’eux-mêmes ont suivi des décennies auparavant et ce en hiver, pour se rendre compte des conditions dans lesquelles ces personnes ont vécu durant ces terribles années.

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L’organisation

Intéressons-nous maintenant à l’événement sportif en lui-même. Au programme, 3 distances : marathon, semi-marathon et 5 km.

Pour ma part, j’ai dû me résoudre à m’inscrire au semi-marathon faute de pouvoir choisir un 10 km. J’appréhendais un peu de courir une telle distance au mois de janvier, en Russie. Il a d’ailleurs fallu se décider vite. En deux jours, tous les dossards étaient vendus (1000 dossard pour le marathon, 800 pour le semi et 700 pour les 5 km) !

 

L’organisation de ce marathon est assez compliquée puisqu’il faut d’abord emmener tous les coureurs sur le lieu du départ. Plusieurs bus quittent Saint-Pétersbourg entre 8 h 30 à 9 h du matin. Les semi-marathoniens sont conduits jusqu’à une école dans le village de Rakhya quand les marathoniens sont eux emmenés jusqu’au bord du lac Lagoda où un hommage est rendu aux habitants de Leningrad (discours, chants etc.).

Après avoir pris le temps petit-déjeuner, nous prenons le dernier bus dans lequel nous ne sommes plus que 5 🙂 Une volontaire nous raconte l’histoire d’une habitante de Leningrad qui a participé à tous les marathons avec ses amies depuis la première édition. Sans être particulièrement sportive, cette dame considérait ce marathon comme un bon moyen de se remémorer cette période de sa vie, avec ses proches, quitte à mettre des heures à parcourir la distance. Au fil des années, elle s’est retrouvée seule à participer à cette course mais elle avait toujours eu le sentiment que ses amies couraient auprès d’elle. Depuis deux ans, cette dame n’a malheureusement plus été vue sur le parcours de la « Route de la Vie »…

Après 40 minutes de route, nous arrivons dans le village de Rakhia où le bus nous dépose près d’une petite école. L’attente est un peu longue puisque nous devons rester debout presque deux heures dans un couloir exigu.

La course

Le top départ est donné pour les deux distances à 12 h 00. La ligne de départ du semi-marathon est à peine visible puisque nous commençons sur une route en pleine nature. C’est parti pour 21 km. Nous avons de la chance, il ne fait pas très froid ce jour-là. Un peu de neige est tombée tôt le matin, une fine couverture de neige repose sur le sol et les arbres. Le paysage est vraiment très beau et l’atmosphère chargée de la mémoire des survivants et des personnes tombées pendant le siège de Leningrad.

Au kilomètre 21 de la Route de la Vie (kilomètre 4 du parcours peut-être), deux personnes sont venues encourager les coureurs abordant le drapeau soviétique et munis d’accessoires de l’époque. On en profite pour faire une petite photo !

La course est assez difficile pour moi. D’abord à cause du relief…! Et oui, alors qu’on m’avait promis que le parcours était plat, il s’avère qu’il ne l’était pas autant que cela !!! Quelques bonnes montées ont eu raison de moi :))) J’ai également longtemps attendu le premier ravitaillement qui devait se trouver au 5ème kilomètre mais qui n’arrivera finalement qu’au 11ème. Cette course ne fera donc clairement pas partie de mes meilleurs résultats, mais peu importe ! L’important était vraiment de participer (c’est d’ailleurs toujours le cas).

Peu de personnes sont présentes sur le parcours. Ce n’est pas une zone très peuplée. Lorsque l’on traverse quelques villages, les gens nous encouragent et nous remercient de perpétuer le souvenir. Les Russes ont un rapport très fort à la Seconde Guerre mondiale, j’ai souvent l’impression ici qu’elle a eu lieu il y a quelques années de cela seulement.

 

Les 5 derniers kilomètres qui doivent nous mener au mémorial de la « Fleur de la vie » sont assez difficiles. Nous courons sur l’autoroute, la circulation n’est arrêtée que de notre côté. La route est plate mais la fatigue accumulée, le froid et le vent rendent cette fin de course désagréable. Les marathoniens les plus rapides qui courent deux fois plus vite que moi ( 🙂 ) sont déjà dans mon dos. Plus question de marcher, j’entends déjà la musique et les premiers groupes de supporters sont à portée de vue.

Enfin, la ligne d’arrivée ! Médaille autour du cou, nous nous recueillons un instant devant le monument où l’on peut lire l’inscription « Puisse-t-il toujours y avoir le soleil ».

  

Frigorifiées, nous prenons ensuite la direction des bus pour nous changer avant de revenir sur la ligne d’arrivée pour accueillir nos amis marathoniens. Retour ensuite à Saint-Pétersbourg pour reprendre le train à destination de Moscou ! Ce week-end sportif et historique est déjà terminé !

Quelle belle idée d’avoir créé ce marathon en mémoire de cet événement ô combien important de l’Histoire ! Les courses thématiques de ce genre ont une valeur toute particulière pour les sportifs et c’est une très belle façon de rendre hommage à ces personnes disparues.

Reste maintenant à savoir si l’atmosphère est la même en France à l’occasion de ce type d’événements, peut-être en aurais-je la possibilité lors du semi-marathon Meuse Grande Guerre du 17 juin prochain, qui sait ?

 

 

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3 thoughts on “Semi-marathon : Route de la Vie – Дорога Жизни

  1. Bravo pour cet article. Sur Instagram on a vu toutes ces photos mais il manquait fortement les explications. C était émouvant….. Merci d écrire à nouveau tes articles

  2. coucou Julia ,as -tu reçu mon précédent commentaire ?.Tu es courageuse d’avoir participé à ce marathon ,10 kms par ce froid ,sans entrainement ?mais c’est bien d’organiser un tel évènement en mémoire des anciens .Bisous

    1. Coucou 🙂 Je n’ai reçu que ce commentaire aujourd’hui, c’est bien ça ?
      En fait, j’ai couru un semi-marathon là-bas, 21 km, je m’entraîne régulièrement, mais c’est quand même une distance assez longue et pas facile surtout en hiver 🙂
      Oui, c’est une belle initiative, c’est certain !! Bon week-end ! 🙂

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